Vagues de chaleurs estivales : quand les médicaments donnent chaud

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Par Camille Gagnon

Pour beaucoup de gens, été rime avec soleil et plaisir. Malheureusement, depuis les dernières années, les vagues de chaleur extrême sont de plus en plus fréquentes. Cela peut rendre cette saison moins agréable et affecter notre santé. La chaleur et l’humidité peuvent causer des coups de chaleur, de la déshydratation, des malaises, des hospitalisations et même des décès.

Certains médicaments fréquemment utilisés peuvent rendre plus sensibles aux effets de la chaleur. Ils peuvent augmenter le risque de souffrir de coups de chaleur ou d’autres effets néfastes. Plus le nombre de médicaments qu’une personne prend augmente, plus ce risque d’effets néfastes augmente.

Un groupe particulièrement à risque par temps chaud : les aînés

Avec l’âge, le corps s’ajuste moins bien aux changements de température. Ainsi, les aînés sont particulièrement à risque d’être hospitalisés ou de décéder pendant les périodes de chaleur extrême. De plus, certaines conditions médicales qui sont plus fréquentes chez les aînés, comme le diabète ou la maladie de Parkinson, peuvent empêcher le corps de bien s’adapter à la chaleur.

Des exemples de médicaments qui peuvent vous mettre à risque

Voici des exemples de médicaments qui peuvent nuire à la capacité du corps à s’adapter à la chaleur. Beaucoup sont des médicaments utilisés couramment. Certains de ces médicaments sont disponibles sous ordonnance médicale alors que d’autres sont en vente libre dans les pharmacies. Prenez-vous certains de ces médicaments ?

Certains médicaments diminuent la capacité de notre corps à produire de la sueur, ce qui est essentiel pour le refroidir quand il fait chaud. Par exemple :

  • Les bétabloquants (ex : métoprolol ou bisoprolol), qui sont des médicaments pour le cœur et la pression.

  • Les décongestionnants comme la pseudoéphédrine, que l’on retrouve dans les médicaments en vente libre pour le rhume.

  • Les médicaments anticholinergiques, qui incluent certains produits pour les allergies disponibles en vente libre (ex : diphenhydramine ou Benadryl®), les somnifères en vente libre (ex : Nytol®), les médicaments pour traiter l’incontinence urinaire (ex : oxybutynine) ou certains antidépresseurs (ex : amitripytline ou nortriptyline). Pour en savoir plus sur les médicaments anticholinergiques, consultez l’article suivant.

Certains médicaments peuvent nous déshydrater ou augmenter notre risque de faire des chutes de pression. Par exemple :

  • Les diurétiques (ex : hydrochlorothiazide ou furosémide), les laxatifs (ex : Senokot®) ou certains médicaments pour le diabète (ex : Invokana® ou Jardiance®) qui stimulent l’élimination des liquides corporels par l’urine ou les selles.

  • Certains antidépresseurs (ex : fluoxétine ou venlafaxine) nous déshydratent en provoquant une trop grande production de sueur.

Certains médicaments peuvent faire augmenter notre température corporelle. Par exemple :

  • Les médicaments antipsychotiques, comme l’olanzapine ou la quétiapine.

  • Les médicaments stimulants utilisés pour le trouble de l’attention, comme le Ritalin® ou l’Adderall®.

Certains médicaments peuvent causer de la somnolence, diminuer notre concentration et nous rendre moins réactif. Ainsi, ils peuvent diminuer notre capacité à adopter des comportements sécuritaires en temps de grande chaleur, comme boire de l’eau ou rester au frais. Par exemple :

Finalement, même s’ils n’augmentent pas le risque de coup de chaleur en tant que tel, certains médicaments peuvent devenir toxiques pour le corps et les reins si vous devenez déshydraté à cause de la chaleur :

Que pouvez-vous faire pour prévenir les coups de chaleur et protéger votre santé cet été ?

Si vous prenez des médicaments, en particulier ceux qui sont identifiés dans cet article, vous pouvez agir pour vous préparer aux chaleurs de l’été.

Protégez-vous de la chaleur extrême et restez hydraté selon les recommandations de votre professionnel de la santé. Consultez la page Web suivante du Gouvernement du Canada pour savoir comment rester au frais pendant les périodes de chaleur, rester bien hydraté et quoi faire en cas de coup de chaleur.

Procédez à une révision de vos médicaments avec votre médecin, votre pharmacien ou votre infirmière. Prenez rendez-vous avec pour effectuer une révision complète de tous vos médicaments. Ensemble, vous pourrez identifier les médicaments qui vous mettent à risque d’effets néfastes, incluant les coups de chaleur et la déshydratation par temps chaud. Un plan d’action pourrait ensuite être mis en place pour diminuer votre risque, par exemple en cessant ou diminuant la dose de certains médicaments de façon sécuritaire. C’est ce qu’on appelle la déprescription.

N’hésitez pas à poser la question suivante à votre professionnel de la santé : « Ai-je toujours besoin de tous mes médicaments ? ». La réponse pourrait vous surprendre ! De plus, même s’il n’est pas possible d’arrêter un médicament, le fait d’en réduire la dose pourrait diminuer le risque d’effet néfaste. Par exemple, diminuer graduellement la dose de votre somnifère pourrait vous aider à passer un été plus alerte et plus sécuritaire, en santé. Consultez la page Web suivante pour découvrir des brochures et autres outils sur l’usage sécuritaire des médicaments.

Avant de débuter tout nouveau médicament, consultez un professionnel de la santé. N’oubliez pas que les médicaments de vente libre peuvent aussi causer des effets néfastes. Votre pharmacien est bien placé pour vous informer de ces risques.


PARLEZ TOUJOURS À VOTRE MÉDECIN, VOTRE PHARMACIEN OU VOTRE INFIRMIÈRE AVANT D'ARRÊTER OU DE MODIFIER LA DOSE DE TOUT MÉDICAMENT.


À propos de l’auteure :

Camille Gagnon, pharmacienne clinicienne, est directrice adjointe du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription. Son objectif : optimiser l’usage des médicaments dans la population en promouvant la déprescription des médicaments qui ne sont plus bénéfiques ou qui peuvent être nuisibles chez les personnes âgées. Elle travaille en clinique de santé familiale à réviser la médication et à prodiguer de l’enseignement aux patients. Elle a aussi travaillé en pharmacie communautaire de même qu’en gestion de programmes cliniques. Finalement, elle a œuvré comme enseignante de pharmacologie auprès de futurs techniciens en pharmacie.